SALON DES VINS DES VIGNERONS INDÉPENDANTS DE PARIS


Deux fois par an, en décembre et avril, un syndicat de vignerons organise une foire aux vins à Paris. La plus importante et donc la plus complète est celle de début décembre Porte de Versailles qui pendant 5 jours réunit plus de 900 vignerons. L’intérêt de cette manifestation réside dans le contact durect avec les producteurs, en effet les marchands et les négociants en sont exclus.


À l’entrée du salon les charmantes hôtesses vous donnent un verre vide et à chaque stand où le chaland s’arrête le producteur lui empli ce verre, avec plus ou moins de générosité selon le producteur, avec plusieurs vins et parfois plusieurs années différentes.

Toutes les régions de France sont représentées et l’acheteur potentiel va de découvertes en découvertes. Le producteur est là pour vendre son vin, mais aussi et surtout pour parler de son produit, faire sa publicité, fidéliser les clients habituels, faire découvrir à des prospects ses vins.

L’acheteur peut comparer les produits, les prix, les méthodes de production, les techniques de ventes et s’initier à l’art de boire du bon vin. Même un non connaisseur peut se faire une oppinion car chaque vin est différent d’un autre. Par exemple pour rentrer dans le vif du sujet je n’ai pas aimé un Chateauneuf du Pape élévé en cuve, j’ai préféré un Chateauneuf du Pape élévé en barrique et j’ai adoré celui en provenance uniquement de vieilles vignes mais donc le prix 350 frs la bouteille en fait un produit de luxe.



La gamme des prix est très ouverte et personnellement j’ai acheté du Régnié à 36,60 frs la bouteille comme un armagnac millésimé nettement plus cher. Le consommateur trouve donc son bonheur car il y en a pour toutes les bourses. Une des choses qui me surprend toujours quand je vais dans ce type de foire aux vins c’est la moyenne d’âge très basse des amateurs. Apparemment les jeunes s’intéressent de plus en plus aux bons vins et se montrent très attentifs aux explications des producteurs et critiquent au moment de choisir.

Cette année j’ai été raisonnable, je ne suis allé que trois fois dans ce salon, achetant en beaujolais 6 Régnié et 6 Morgon, en Champagne 6 champagne de l’Aube (vade Retro Satanas comme diraient les producteurs d’Epernay), en vin de Loire 6 côteaux du Layon, en bordeaux 3 Montbazillac, en Chateauneuf du Pape 3 blanc, en sud ouest 6 Flocs de Gascogne et 1 Armagnac.

Mais au point de vue dégustation j’ai été plus éclectique, goûtant des vins de Bourgogne, des vins de Bordeaux, des vins d’Alsace, presque toutes les productions de vin rouge de Bandol et tous les vins de Jasnières sans exception (il n’y avait que deux producteurs représentés).

Je souhaite vous parler plus longuement des vins de Jasnières car ils sont peu connus, délicieux et peu cher et donc d’un excellent rapport qualité/prix. Il s’agit de vins blancs produits depuis le Moyen-Age sur les bords du Loir issus d’un seul cépage le Chenin (appelé aussi Pineau de la Loire).




Ils sont fruités, dôtés d’arômes de fruits et de fleurs dans leur jeunesse. Ils peuvent vieillir plusieurs dizaines d’années preuve de leur grande qualité. Ils accompagnent admirablement bien un plat de poisson notamment de rivière, par exemple un Sandre du Loir cuit dans le vin de Jasnières.

Cette appelation est une des plus anciennes de France mais le terroir est minuscule (128 ha) et les producteurs peu nombreux d’où une certaine méconnaissance liée au manque de publicité. Cette confidentialité ravit les amateurs car elle permet d’obtenir des bouteilles excellentes autour de 40 frs.

Les bonnes années la pourriture noble peut apparaître et si le viticulteur récolte ses raisins tardivement il fabriquera un blanc moelleux qu’il vendra autour de 140 frs la bouteille. Il faut noter que cette région produit aussi un rouge tout à fait acceptable l’AOC Coteaux du Loir, lui aussi peu rennomé, généralement vendu autour de 30 frs la bouteille.